
Original: Vergüenza
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Ils sont 125 000 et vivent depuis 40 ans dans des camps de réfugiés. La mort du Sahraoui Brahim Saika ravive une lutte oubliée.
Au fond du puits de notre oubli. C'est là que sont les Sahraouis. Je viens de lire que le 15 avril le
syndicaliste sahraoui Brahim Saika, 32 ans, est mort dans un hôpital à Agadir (Maroc). Brahim avait été arrêté le 1er avril en sortant de son domicile pour participer à une manifestation pacifique. "Il a été emmené au poste de police de Guelmim, où il a été torturé pendant des heures", rapporte la délégation sahraouie en Espagne. Brahim a alors décidé de commencer une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements. Je suppose qu'ils l'ont laissé en très mauvais état, puisque seulement cinq jours plus tard, il était dans des conditions si graves qu'il a été transporté à l'hôpital. Jeune et fort, il est mort à une vitesse inhabituelle, et les autorités ont apparemment refusé de le faire autopsier. J'écris ces lignes quatre jours après son décès, et pour le moment la nouvelles n'est presque pas sortie dans les médias, à part quelques sites. J'imagine le pauvre Brahim recourant à la seule arme extrême de lutte dont il disposait, la mort par inanition, en espérant que ce dernier cri d'angoisse et de dénonciation serait finalement entendu. Mais même son agonie n'a pas réussi à nous atteindre.
Maintenant, c'est moi qui ai envie de crier en écrivant ceci, parce que chez moi aussi, les Sahraouis s'étaient presque effacés de la mémoire; et ceci bien que je sois allée à plusieurs reprises dans les camps de réfugiés, que je me soie toujours sentie très proche de leur cause, et que j'aie écrit une vingtaine de reportages et d'articles à leur sujet. Mais les années passent comme une pluie de plomb, et l'implacable politique marocaine de répression et d'écrasement, de concert avec l'indifférence épouvantable de la communauté internationale, ont réussi à enterrer vivant ce petit peuple héroïque et tenace. Et le pire est que l'indifférence est non seulement celle des gouvernements mais aussi des organisations prétendument progressistes, car on parle beaucoup des Palestiniens, mais personne ne dit rien des pauvres Sahraouis, bien que leur situation soit encore plus critique. Bien sûr, ils sont une poignée de gens sans pétrole ni intérêt géostratégique. Personne ne semble se soucier de leur souffrance.

Maintenant, c'est moi qui ai envie de crier en écrivant ceci, parce que chez moi aussi, les Sahraouis s'étaient presque effacés de la mémoire; et ceci bien que je sois allée à plusieurs reprises dans les camps de réfugiés, que je me soie toujours sentie très proche de leur cause, et que j'aie écrit une vingtaine de reportages et d'articles à leur sujet. Mais les années passent comme une pluie de plomb, et l'implacable politique marocaine de répression et d'écrasement, de concert avec l'indifférence épouvantable de la communauté internationale, ont réussi à enterrer vivant ce petit peuple héroïque et tenace. Et le pire est que l'indifférence est non seulement celle des gouvernements mais aussi des organisations prétendument progressistes, car on parle beaucoup des Palestiniens, mais personne ne dit rien des pauvres Sahraouis, bien que leur situation soit encore plus critique. Bien sûr, ils sont une poignée de gens sans pétrole ni intérêt géostratégique. Personne ne semble se soucier de leur souffrance.

Ils sont environ 125 000 et vivent depuis 40 ans sous des tentes provisoires de réfugiés. Sensés, pacifiques et stoïques, ils ont tout essayé sans recourir au terrorisme, et voici comment nous les avons récompensés : par une ignorance olympique de leurs droits et de leur douleur. Le Maroc a failli encore et encore aux obligations impliquées par les résolutions de l'ONU et a commis toutes sortes d'exactions, mais l'Espagne continue à embrasser ce monarque alaouite que notre couronne aime tant. Et non seulement nous n'avons jamais défendu les Sahraouis, mais nous avons aussi été le principal fournisseur d'armes au Maroc, ces armes avec lesquelles il les anéantit. Je ne veux même pas imaginer le désespoir que doivent ressentir les réfugiés, dans leur sombre conviction noire qu'il n'y a pas d'issue : "Le Maroc nous tue à petit feu". Toute cette souffrance pourrait un jour se transformer en violence terroriste et alors nous les condamnerons et nous nous frotterons les mains. Une fois qu'ils seront devenus les méchants, notre culpabilité se dissipera.
